Après de multiples rebondissements et une longue interruption de séance qui a permis à la majorité d’être en nombre, le projet de décret-programme porté par la majorité wallonne a finalement été adopté mardi soir par le Parlement de Wallonie. Couverte par un certificat médical, la députée libérale Christine Defraigne a en effet rejoint Namur dans les temps, permettant au texte d’être adopté alors que l’opposition, dénonçant notamment la « brutalité » de la majorité et un texte « bâclé », avait quitté les bancs du parlement juste avant que le décret ne soit soumis au vote.
« Cet épisode montre que, loin d’être faible, notre majorité est forte », a commenté Jean-Paul Wahl lors de la reprise de la séance plénière.
Texte fourre-tout par excellence, ce décret-programme comporte quelque 800 pages et plus de 500 articles, portant sur des mesures en matière d’emploi, de formation, d’économie, d’industrie, de recherche, d’innovation, de numérique, d’environnement, de transition écologique, d’aménagement du territoire, de travaux publics, de mobilité et de transports, d’énergie, de climat, de politique aéroportuaire, de tourisme, d’agriculture, de nature et de forêt, des pouvoirs locaux et de logement.
Imposer l’urgence pour ce genre de texte « est une méthode scandaleuse qui témoigne d’un manque de considération vis-à-vis de l’opposition mais aussi des parlementaires de la majorité qui ne sont considérés que comme des presse-bouton », avait dénoncé plus tôt dans la journée l’opposition, Ecolo déplorant notamment « un coup de force démocratique lamentable et inacceptable ».
« La majorité nous a imposé de travailler en quelques jours alors que le Conseil d’Etat, qui a rendu un avis assassin sur le texte, n’a pas eu assez de 30 jours pour terminer son analyse », avait rappelé Pierre-Yves Dermagne, le chef de groupe socialiste au parlement wallon.
Dans ses observations préalables, le Conseil d’Etat a en effet souligné que « le caractère précipité de la rédaction de l’avant-projet de décret-programme explique l’absence de qualité de nombre de ses dispositions tant sur le fond que sur la forme, notamment révélée par l’insertion d’articles bis et ter, ces dispositions n’étant par ailleurs assorties d’aucun commentaire, ce qui en complique la compréhension ».
Ce texte « qui, sur la forme est un véritable torchon, contient un grand nombre de dispositions qui appellent des vrais débats et qui n’ont rien à faire dans un décret programme. Il y a des décrets entiers, comme les règlements de circulation routière. Il y a des réformes organiques, comme celles de la SPAQUE (spécialisée dans la réhabilitation de friches industrielles et de décharges, ndlr) ou de l’APAQ-W (Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité, ndlr), dont l’avenir mérite une discussion un peu sérieuse », avait ajouté Stéphane Hazée (Ecolo) en s’interrogeant sur l’intérêt « de saborder ainsi le travail parlementaire » tout en reconnaissant néanmoins l’existence d’ »éléments positifs ».
Des propos auxquels le ministre-président wallon, Willy Borsus, n’avait à nouveau pas manqué de répondre. « Vous voulez théâtraliser le travail autour de ce texte et faire croire que l’on est en train d’écrire une page grise
de l’histoire wallonne. Rien n’est plus faux », avait-il ainsi pointé en soulignant que le décret-programme comporte « une très longue liste de dispositions de bon sens, dont au moins la moitié recueille l’assentiment de l’ensemble des parlementaires ».
Le projet de décret a finalement été approuvé mardi soir, à 38 voix pour sur 38 votants.
Source: Belga